La promotion des MINT en Suisse atteint ses limites - de véritables changements nécessitent une approche systémique

L'encouragement MINT en Suisse ne peut déployer pleinement ses effets que s'il est abordé de manière plus stratégique et plus large et s'il s'accompagne de progrès en matière d'égalité des chances entre les sexes. C'est ce que montre une étude publiée le 14.05.2025 par les Académies suisses des sciences sur mandat du Parlement et réalisée sous la direction de la SATW. Selon elle, une telle approche ne permet pas seulement d'augmenter le nombre de spécialistes, mais apporte également des avantages dans d'autres domaines de la société.

Silhouettes abstraites sur fond vert

Les principales conclusions en un coup d'œil

Les programmes de soutien individuels ne suffisent pas - des changements systémiques sont nécessaires, de la formation au monde du travail. Les principales recommandations d'action sont les suivantes :

  1. Cadre d'action national : Une stratégie nationale et un centre de compétences national doivent créer des synergies, coordonner les acteurs MINT et assurer la qualité des mesures.
  2. Renforcer l'intérêt pour les sciences : Davantage de manifestations, des offres extrascolaires à bas seuil et une communication numérique ciblée doivent encourager l'intérêt pour les MINT et renforcer la confiance dans les sciences.
  3. L'école en tant qu'acteur clé : du matériel pédagogique sensible aux genres, une formation continue ciblée des enseignants et des compétences en matière de pédagogie de l'égalité sont essentiels pour une promotion efficace des MINT.
  4. Impliquer l'économie et la société civile : Les entreprises et la société civile doivent être davantage mises en réseau, investir de manière ciblée dans les offres MINT et promouvoir activement la diversité.
Portrait d'Isabelle Metzger de l'Université de Bâle

«  Une coordination renforcée et une approche stratégique de la promotion des MINT constituent des leviers essentiels pour optimiser les mesures existantes, tout en garantissant une portée maximale. »

Susanne Metzger, Université de Bâle

« Des approches encore peu utilisées, comme le gender budgeting, selon lequel les subventions et les initiatives tiennent également compte de l'égalité des sexes, pourraient également permettre d'augmenter la proportion de femmes et de filles dans les professions MINT. »

Isabelle Collet, Université de Genève

Pourquoi les programmes de promotion des filles et des femmes sont nécessaires mais non suffisants :

  • L'absence de réformes structurelles affaiblit les mesures de rattrapages.
    Le mentorat, les safe space et les modèles féminins favorisent la confiance en soi, mais ne déploient pleinement leurs effets que s'ils sont associés à des changements structurels profonds au niveau organisationnel.
  • La conciliation entre vie professionnelle et vie familiale reste un obstacle majeur.
    Sans garde d'enfants abordable, modèles de congé parental flexibles et new work (par exemple, travail mobile, horaires flexibles), l'égalité des chances pour les femmes dans les professions MINT reste inaccessible.
  • Les femmes restent sous-représentées dans les filières MINT et aux postes de direction.
    Des quotas obligatoires, comme le montre l'exemple de l'Université norvégienne des sciences et technologies, peuvent augmenter durablement la proportion de femmes dans les filières MINT et les instances décisionnelles.
  • La répartition inégale des fonds publics renforce les inégalités existantes.
    Le gender budgeting permet une répartition équitable des fonds entre les sexes, mais malgré son efficacité, son utilisation est encore bloqué sur le plan politique.
  • La violence sexuelle est un risque sous-estimé.
    Des formations obligatoires, des points de contact indépendants et des campagnes de sensibilisation peuvent garantir une protection efficace des filles et des femmes dans l'éducation et la vie professionnelle.
  • Les barrières structurelles conduisent à une auto-sélection inconsciente.
    De nombreuses filles et femmes quittent prématurément le domaine des MINT, non par désintérêt, mais en raison des injonctions sociétales. Une analyse ciblée et la suppression de ces obstacles sont nécessaires, grâce à des procédures de sélection équitables, des parcours professionnels transparents et des environnements d'apprentissage inclusifs. Des mesures telles que l'orientation professionnelle sensible au genre, la formation des enseignant.es et l'utilisation de supports pédagogiques neutres sont nécessaires pour briser les stéréotypes existants.

Publication

Contexte de l'étude

L'étude a été réalisée sur mandat du SEFRI dans le cadre du postulat 22.3878 "Rapport et stratégie visant à augmenter la proportion de femmes dans les professions MINT" et a été rédigée entre janvier et octobre 2024. La méthodologie de l'étude comprend des analyses de la littérature, des analyses statistiques ainsi que des groupes de discussion avec des acteurs de l'éducation, de la politique et de l'économie. L'objectif de l'étude était de formuler des recommandations d'action efficaces pour la politique de l'éducation et les acteurs MINT.

Silhouettes avec des symboles scientifiques sur fond vert

Des questions sur la publication ?

 Edith Schnapper

Edith Schnapper

Responsable Promotion de la relève

Cheffe de projet

Edith Schnapper (SATW)

Auteur·rices

Isabelle Collet (Université de Genève), Susanne Metzger (Université de Bâle, PH FHNW), Lora Naef (Université de Genève), Theres Paulsen (SCNAT, a+), Edith Schnapper (SATW), Stefan Vonschallen (PH FHNW)

Série de contributions à la publication

La série d'articles accompagnant la publication éclaire le thème complexe de l'encouragement MINT sous différentes perspectives :

 
 Des MacBooks colorés dans un cours universitaire

Approche systémique pour des changements durables dans le domaine MINT

Etudes et publications Promotion de la relève
 

Le rôle multiple des cantons dans l'encouragement inclusif de MINT

Etudes et publications Promotion de la relève

FAQ sur l'étude :

Cette FAQ offre un aperçu concis des thèmes et faits centraux du texte original. Elle aide à résumer de manière compréhensible les contenus importants, à clarifier les déclarations centrales et à répondre de manière ciblée aux questions fréquemment posées.

Les normes sociales, les stéréotypes de genre et le manque de modèles féminins font que les filles s'identifient souvent moins aux MINT et sous-estiment leurs capacités.

Les programmes d'enseignement, le matériel pédagogique, l'attitude des enseignants et l'organisation scolaire ont une influence déterminante sur le développement de l'intérêt des enfants - et en particulier des filles - pour les MINT.

Les décisions en matière de formation sont fortement influencées par les attentes de la société. Les garçons ont tendance à se diriger vers des professions techniques et proches de la production, les filles vers des domaines sociaux et orientés vers les services.

Une moindre confiance en soi, des stéréotypes sur les métiers techniques, le sexisme dans la formation et le travail quotidien ainsi qu'une moins bonne conciliation de la vie professionnelle et familiale ont un effet dissuasif.

Parmi les mesures efficaces figurent l'encouragement précoce, les programmes ciblés pour les filles, le mentorat, les quotas, l'enseignement sensible à la dimension de genre, les modèles et la modification des conditions institutionnelles.

Grâce à un enseignement proche de la pratique, à un apprentissage ludique, à des formats expérimentaux, à un lien avec le monde réel et à la transmission du sens et de la pertinence sociale des métiers techniques.

Il est nécessaire de diversifier l'accès aux contenus, de proposer des offres accessibles, d'utiliser un langage et une didactique tenant compte de la dimension de genre et de s'adresser de manière ciblée aux groupes sous-représentés.

Les enfants issus de familles peu instruites ou défavorisées sur le plan socio-économique ont moins de chances d'accéder à une formation MINT - par exemple en raison d'un manque de connaissances préalables, de barrières linguistiques ou d'un accès limité aux programmes de soutien.

Il y a un net déséquilibre entre les postes vacants et le personnel qualifié disponible, en particulier dans les domaines de l'informatique, de la technologie et de l'ingénierie - surtout au niveau de l'enseignement supérieur spécialisé et de la formation professionnelle.

Une stratégie MINT coordonnée, des mesures structurelles en faveur de l'égalité, la promotion de la conciliation, des investissements ciblés dans la formation et la formation continue ainsi qu'une meilleure visibilité des contributions MINT dans la société sont nécessaires.