Guerre de l’information et opérations d’influence

La guerre de l'information (Information Warfare) n'est plus depuis longtemps un phénomène propre aux régimes autoritaires, mais menace de plus en plus les démocraties comme la Suisse. Des acteurs étatiques et non étatiques utilisent de manière ciblée la désinformation et la manipulation des médias sociaux pour influencer l'opinion publique et déstabiliser les sociétés. L'utilisation de technologies modernes telles que l'intelligence artificielle (IA) et le Machine Learning permet de diffuser des contenus de manière automatisée et ciblée. En Suisse, des signes de telles opérations d'influence ont déjà été observés dans des débats politiques (p. ex. discussion sur la 5G, conflit en Ukraine).

Défis à relever 

  • Possibilités technologiques et évolutivité : les technologies modernes telles que l'IA, les robots automatisés et les campagnes de trolling peuvent diffuser des informations à grande échelle. Les contenus manipulés circulent rapidement dans les médias sociaux, renforcés par les bulles de filtrage et les chambres d'écho. 

  • Difficulté d'identification et d'attribution : les opérations d'influence sont peu coûteuses, difficiles à attribuer et présentent un risque d'escalade limité. Le manque de données et de capacités d'analyse rend difficile l'identification en temps utile. 

  • Polarisation de la société : les sociétés polarisées sont particulièrement vulnérables à la désinformation et à la manipulation de l'intérieur. Une compréhension approfondie des processus décisionnels humains rend ces attaques efficaces. 

  • Attaques contre les processus décisionnels démocratiques : Les élections, les votes ou les débats politiques controversés sont des cibles privilégiées des opérations d'influence. 

Recommandations pour la politique, l'économie et la société 

  • Renforcement des capacités de détection et de réaction de l'État : développement de capacités de détection, d'analyse et d'attribution des opérations d'influence à tous les niveaux de l'État (fédéral, cantonal, communal). Mise en place d'un système d'alerte précoce (par exemple comparable à Alertswiss) pour les campagnes de désinformation en cours. 

  • Créer des bases juridiques et politiques : Revoir le cadre juridique afin de permettre des réactions rapides et transparentes. Définir des lignes directrices pour la coopération avec les plateformes sociales et les médias dans la lutte contre la désinformation. 

  • Coopération avec le secteur privé et les médias : collaboration avec les opérateurs de médias sociaux pour identifier et supprimer les contenus manipulés. Soutien d'initiatives de fact-checking et sensibilisation ciblée de la population. 

  • Augmenter la résilience de la société : promouvoir l'éducation aux médias et la sensibilisation aux risques numériques dans les établissements d'enseignement. Intégrer des programmes de formation à la détection et à la lutte contre la désinformation dans tous les groupes d'âge. 

  • Coopération internationale : coordination politique avec l'Union européenne pour lutter ensemble contre les opérations d'influence sur les médias sociaux. 

  • Implication de la population : communication transparente et basée sur des faits de la part des services gouvernementaux en cas d'attaque. Garantir l'accès à des informations indépendantes et fiables. 

Auteur·rice·s et responsables thématiques

Karl Aberer, EPFL | Umberto Annino, Microsoft | Myriam Dunn Cavelty, ETHZ

Comité de lecture 

Endre Bangerter, HESB | Alain Beuchat, Banque Lombard Odier & Cie SA | Matthias Bossardt, KPMG | Daniel Caduff, AWS | Adolf Doerig, Doerig & Partner | Stefan Frei, EPF Zurich | Roger Halbheer, Microsoft | Katja Dörlemann, Switch | Pascal Lamia, BACS | Martin Leuthold, Switch | Hannes Lubich, conseil d'administration et conseiller | Luka Malis, SIX Digital Exchange | Adrian Perrig, EPF Zurich | Raphael Reischuk, Zühlke Engineering AG | Ruedi Rytz, BACS | Riccardo Sibilia, DDPS | Bernhard Tellenbach, armasuisse | Daniel Walther, Swatch Group Services | Andreas Wespi, IBM Research