TecToday: L'avenir de l'alimentation en question

Food 10:26

Notre dernier TecToday était consacré à l'avenir de l'alimentation. A l'Alimentarium de Vevey, chercheurs, public et entrepreneurs ont fait le tour de la question. Avec quelques surprises savoureuses à la clé.

De quoi sera composée notre assiette à l’avenir ? Insectes, algues, bactéries, substituts végétaux : les chercheurs en agroalimentaire explorent de nouvelles sources de protéines, parfois surprenantes.

Les produits issus de ces recherches voient leurs ventes s’envoler, portées par l’augmentation de la population mondiale, la modification des comportements alimentaires et les enjeux autour de la durabilité. De la ferme à la fourchette, le secteur de l’AgriFood Tech est en pleine ébullition. En 2018, les investissements dans le secteur ont approché les 18 milliards de dollars, en croissance de 43% par rapport à l’année précédente. Si le marché est dominé par les géants agricoles que sont les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil, la Suisse n’est pas en reste. Autour de ses hautes écoles, acteurs industriels et startups, notre pays dispose de compétences technologiques de pointe dans un marché qui reste encore à l’échelle de niche, mais dont on attend une croissance rapide dans les prochaines années. 

Pour faire le tour de la question, l’Académie Suisse des Sciences Techniques a consacré son dernier TecToday au thème «Future of Food ». Réuni à l’Alimentarium de Vevey, un panel d’experts a apporté son éclairage sur le sujet à travers des présentations et une table ronde.
 

Des stéréotypes solidement ancrés

En ouverture de la soirée, Nicolas Godinot, responsable des contenus et conservateur des sciences de la nature à l’Alimentarium, a posé quelques éléments de contexte. L’histoire de l’alimentation n’est en effet pas qu’une question de nutrition. Les facteurs sociétaux influencent grandement la perception que nous avons des différentes catégories d’aliments. On peut notamment citer les représentations de la viande à travers les siècles comme symbole de force et de vitalité, à l’opposé des caractéristiques de « faiblesse physique et de molesse de caractère » attribuées au régime végétarien. Des stéréotypes qui influencent encore aujourd’hui les choix des consommateurs et l’adoption de nouvelles sources de protéines que l’on pourrait qualifier de non-conventionnelles. « Quand on sait qu’il faut grosso modo 10kg de protéines végétales pour produire 1kg de protéines animales, orienter la croissance de la consommation vers des sources végétales semble être une manière sensée de nourrir une population croissante » a précisé Monsieur Godinot.

Les technologies face au défi alimentaire

L’alimentation est au cœur de nombreux défis, comme l’a montré Christian Nils Schwab, Directeur exécutif du Integrative Food and Nutrition Center de l’EPFL dans son exposé. Aujourd’hui, la production alimentaire représente un quart des émissions de gaz à effet de serre, prélève 70% des ressources en eau et est responsable de 70% de la perte de biodiversité à l’échelle de la planète. Avec une population mondiale appelée à croître rapidement d’ici la fin du siècle, l’enjeu principal pour le secteur agro-alimentaire sera donc de satisfaire nos besoins croissants en nourriture tout en réduisant ses impact sociétaux et environnementaux.
Mais qui dit défis, dit également opportunités, d’où un lien fort entre innovations technologiques et alimentation. Dans le monde entier, et en Suisse également, un nombre impressionnant de start-ups redéfinissent le secteur alimentaire dans 3 domaines clés : l’augmentation de la productivité et de l’efficacité, la connexion de tous les acteurs de la chaîne de valeur, ainsi que la modification de la demande du côté des consommateurs. En conclusion, Christian Nils Schwab rappelle que la technologie ne sera qu’une partie de la solution à l’urgence du défi alimentaire : un appel à une approche pluridisciplinaire et intersectorielle.
 

Vers une "Food Valley" helvétique?

Afin d’offrir une couverture la plus exhaustive possible du thème de ce TecToday, la SATW avait convié 3 autres acteurs pour la table ronde de la soirée. Julie Schüpbach, responsable de la communication et des projets de l’Agropôle, Christophe Schmitt, Leader of Group Proteins et R&D Protein Expert Network chez Nestlé Research ainsi qu’Emilie Dellecker du réseau d’entrepreneurs FoodHack ont rejoint nos deux intervenants précédents. Sous la modération de Ghislaine Bloch, journaliste au magazine économique Bilan, nos 5 intervenants ont abordé le thème de la création d’une « Food Valley » helvétique, des atouts à renforcer et des manques à combler en Suisse pour réussir la révolution alimentaire qui se prépare. La formation, la mise en réseau, les collaborations entre instituts de recherche, acteurs de l’industrie et startups, combinés à un accès facilité à l’investissement ont été les éléments les plus souvent cités. Dans ce contexte, les compétences technologiques jouent un rôle de premier plan. 
La table ronde a ensuite rapidement embrayé sur les questions du public venu nombreux ce soir d’octobre à Vevey. Dans une ambiance détendue propice aux échanges, le dialogue entre les experts et les participants à l’événement était particulièrement vivant.
 

Démos et dégustations

Pour poursuivre les discussions et surtout passer de la théorie à la pratique, une séance de dégustation proposée par la Crémerie Vegan, LeTasty, Essento et Alver ont permis au public de découvrir le travail de 4 startups suisses, pionnières dans le développement de produits alimentaire à base de protéines alternatives. L’industrie était également présente avec un nouveau produit de Nestlé lancé quelques jours auparavant. Au vu du buffet classique déserté et de l’agglutinement des participants dans l’espace dévolu aux startups, on peut certainement qualifier ce dernier TecToday de l’année de succès. Rendez-vous est pris en 2020 avec de nouveaux thèmes à l’interface entre technologies et société.

Contact:

Alexandre Luyet, Responsable Suisse Romande, alexandre.luyet(at)satw.ch