Récit des débuts de l’Académie

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Ancien et seul président romand de la SATW jusqu’à présent, le Professeur Badoux de l’EPFL revient sur la fondation de l’Académie suisse des sciences techniques et ce qui la rend si particulière encore aujourd’hui.

Ancien et seul président romand de la SATW jusqu’à présent, le Professeur Jean-Claude Badoux de l’EPFL revient sur la fondation de l’Académie suisse des sciences techniques et ce qui la rend si particulière encore aujourd’hui.

Pourquoi une académie des sciences techniques?
Les ingénieurs sont bien sûr autant à respecter scientifiquement que les autres universitaires, tout en restant uniques de par leur expérience spécifique dans le monde réel; il était donc évident d’avoir une académie qui leur soit dédiée. L’homme clé de cette initiative a été Heinrich Ursprung. Grâce à ses fonctions de Président de l’ETH Zürich, puis Président du Conseil des Ecoles Polytechniques Fédérales ou encore plus tard de Secrétaire d’Etat à la science et à la recherche, il a donné l’impulsion nécessaire à ce que la SATW devienne une Académie avec un rôle charnière entre les mondes politique, industriel et scientifique. C’est ainsi qu’a été fondée l’Académie suisse des sciences techniques en 1981.

D’où vient le modèle d’une académie pour ingénieurs?
C’est une tradition scandinave et anglo-saxonne. LA SATW est constituée sur le même modèle – les membres individuels sont choisis par leurs pairs sans en avoir connaissance – contrairement à la tradition d’autres Académies suisses. Le fait que le Professeur Ursprung ait longtemps été professeur aux Etats-Unis a certainement joué un rôle important. Ainsi, dès sa création la SATW a été reconnue par la National Academy of Engineering américaine. Les collaborations ont dès le départ été tournées vers ces autres académies scandinaves et anglo-saxonnes. C’est pourquoi l’Académie a d’emblée eu aussi un rôle actif dans l’International Council of Academies of Engineering and Technological Sciences (CAETS) où les académies américaine et scandinaves sont également très actives. Grâce à cela, nous avons pu organiser le déplacement de délégations, par exemple en Grande-Bretagne, pour observer les bonnes pratiques en matière de politique, recherche et industrie. Cette orientation à l’international a également permis de développer des liens avec la Russie, l’Inde et la Chine.

L’Académie joue donc aussi un rôle d’ambassadeur?
Oui, en quelque sorte. J’ai d’ailleurs moi-même rendu alors visite à nos collègues russes, indiens, anglais, américains à plusieurs occasions. Ce lien avec la Confédération est dans les gènes de la SATW. Dès le départ, elle avait pour mission de conseiller le Conseil fédéral et le Parlement sur l’importance de l’ingénierie et des sciences techniques. Avec le temps, cette fonction a été surtout proposée aux administrations fédérales, à l’instar du Secrétariat d’Etat à la Formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). D’où le fait que la Confédération confie des mandats à l’Académie, comme la gestion du programme de financement franco-suisse Germaine de Staël. C’est également ce qui explique que plusieurs personnalités politiques fortement liés aux sciences et technologies soient membres de la SATW, tout comme des industriels de premier plan. Nous sommes un réseau d’excellence aussi bien national qu’international.

Renseignement:
Nicolas Filippov, Responsable Suisse romande, nicolas.filippov@satw.ch