Force d'innovation de l'industrie suisse: présentation de l’étude en Suisse Romande

08:49

Depuis sa publication, l’étude de la SATW sur l’évolution de la force d’innovation de l’industrie suisse a bénéficié d’une large couverture de la part des médias nationaux. Elle commence également à faire réagir les milieux de la R&D et de la recherche.

Depuis sa publication, l’étude de la SATW sur l’évolution de la force d’innovation de l’industrie suisse a bénéficié d’une large couverture de la part des médias nationaux. Elle commence également à faire réagir les milieux de la R&D et de la recherche.

Après un lancement réussi le 21 août à Zürich, la SATW s’est associée au CSEM, le Centre suisse d’électronique et de microtechnique, pour présenter l’étude au public romand le 26 septembre dernier.

Une trentaine de personnalités, acteurs de la recherche et de l’industrie, se sont retrouvées à Neuchâtel. Eric Fumeaux, vice-président de la SATW, a souhaité la bienvenue aux participants avant de donner la parole à Peter Seitz et Hans Peter Herzig, co-auteurs de l’étude avec Rita Hofmann et Claudia Schärer.

Des classements trompeurs?

Dans la plupart des classements sur l'innovation, comme l'indicateur d'innovation Acatech ou le WEF Global Competitiveness Report, la Suisse figure en tête de liste depuis plusieurs années. La Suisse est-elle donc vraiment championne du monde de l'innovation ? D'autres classements offrent un point de vue plus nuancé. Le Swiss Engineering Index, par exemple, parle de désindustrialisation progressive. L’industrie emploie en effet de moins en moins de personnes dans le pays.

Peter Seitz a posé la question : « Au-delà des classements, à quel point la Suisse est-elle vraiment innovante ? Nous voulions répondre à cette question avec notre étude." Il a rappelé une fois de plus ce qu’il entend par le terme d’innovation. À savoir, lorsque trois processus ont été menés à bien avec succès : (1) une invention (2) sur la base de laquelle un produit ou un service a été développé, pour lequel (3) les clients sont prêts à payer, parce qu’il leur offre une véritable valeur.

Focus sur l'industrie manufacturière

Dans son étude, la SATW s'est concentrée sur l'industrie manufacturière parce qu'elle génère une forte valeur ajoutée, compte (encore) de nombreux employés et est très importante pour l'industrie exportatrice. Et c'est un domaine sur lequel la SATW, en tant qu'Académie des sciences techniques, a également son mot à dire.

L'étude s'est basée sur les enquêtes du KOF, le centre de recherches conjoncturelles de l’ETH, qui étaient auparavant menées tous les trois ans et qui le sont aujourd'hui tous les deux ans. S’il s'agit d'auto-déclarations de la part des entreprises, les chiffres sont considérés comme très fiables. Ils sont par exemple utilisés par le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). A partir de ces données, la SATW a procédé à son analyse et à son interprétation. "Les chiffres sont incontestables, a mentionné Peter Seitz lors du vernissage, peut-être pas notre interprétation. Nous attendons avec impatience la discussion. »

De moins en moins d'entreprises font de la R&D

La part des entreprises qui exercent des activités de R&D en Suisse est de plus en plus faible. C'est le premier constat que Peter Seitz a présenté, suivi d'une surprise : les entreprises qui font encore de la R&D y consacrent de plus en plus d'argent. La charge de la recherche et du développement pèse de plus en plus sur sur les épaules des entreprises industrielles qui en font encore. Autre constat: celui que le chiffre d’affaires issu de la commercialisation de nouveaux produits augmente (innovation produits), mais pas celui issu provenant d’innovations de marché.

Après cette première partie, c’est au tour de Hans-Peter Herzig, autre co-auteur de l’étude de présenter la suite des conclusions: quelles sont les branches dans lesquelles les efforts de R&D ont été payants et celles qui n’ont pas pu tirer profit de leurs investissements? Si la pharma s’en sort plutôt bien, le tableau est plus contrasté en ce qui concerne d’autres secteurs comme l’industrie des machines. Un constat qui semble confirmer le sentiment des acteurs des différentes branches présents ce soir à Neuchâtel.

Finalement, le dernier volet de la présentation est consacré à la comparaison internationale. La Suisse est-elle un cas isolé et comment se situe-t-elle par rapport aux autres économies développées en Europe et au-delà? Le comparatif présenté avec Singapour est à ce titre particulièrement révélateur et à soulevé de très bonnes questions de la part du public. Les auteurs envisagent de creuser le sujet dans la mise à jour de l’étude, prévue pour le début de l’année 2019.

L'éclairage du CSEM

Avant de passer aux questions du public, Georges Kotrotsios, directeur marketing et business development du CSEM et membre de la SATW, a apporté son éclairage de terrain aux conclusions présentées par l'étude. De par son activité, le CSEM est aux premières loges pour observer les tendances en matière de transfert technologique entre la recherche et l’industrie.

Des tendances qui recoupent le sentiment dégagé par l’étude de la SATW: derrière les premières places des classements, l’état de la recherche et développement dans le secteur industriel suisse est préoccupant.
Les questions soulevées par le public ainsi que les discussions animées lors de l'apéritif ont confirmé que la SATW a touché un point sensible concernant le véritable état de la capacité d’innovation du pays. Plusieurs représentants de l’industrie ayant ce soir-là manifesté leur intérêt à poursuivre la discussion autour du rapport, il y a fort à parier que l’on entendra encore beaucoup parler de ce thème dans les prochains mois.

La SATW est heureuse de pouvoir fournir une plateforme d’échange et se réjouit de contribuer au débat au travers de l’expertise de ses membres.